“Vous êtes la lumière du monde.”
En septembre 2022, j’étais invitée à participer à l’Université de Vacances du Groupe Walaha pour y animer masterclass et ateliers auprès d’entrepreneurs. Ce voyage coïncidait également et malheureusement avec la perte d’une amie chère et de longue date.
Je n’avais pas prévu au départ de parler de cette expérience de don, parce qu’intime, mais il me semble qu’il y a un message ici qui pourrait parler à certains esprits et coeurs qui ne savent pas toujours comment soutenir les plus vulnérables.
Il faudrait donc que je vous parle, dans un premier lieu, de cette amie, puisqu’elle est à l’origine de ce geste de ma part, fait en sa mémoire.
Elle était une femme puissante, tellement vivante, dynamique, joyeuse, chaleureuse et d’une générosité immense. Elle aimait profondément les gens, avait pour amis les enfants et s’engageait auprès d’eux de multiples manières, sans jamais en faire la promotion. Etre une grande soeur semblait être pour elle un mode de vie autant qu’un sacerdoce.
Les témoignages qui ont suivi l’annonce de son décès ont d’ailleurs mis en lumière la spectaculaire étendue de ses engagements pour les plus jeunes et les plus faibles.
Puisqu’il était question pour chacun de lui rendre hommage, et que je me trouvais dans son pays d’origine, je pensais dans un premier temps à soutenir une mosquée, ou un service pédiatrique du centre hospitalier général. Jusqu’à ce qu’une connaissance me parle d’un camp de réfugiés situé en périphérie de Bamako.
Après avoir pris contact avec le responsable du site, celui-ci m’explique qu’une école en dur a été offerte par un généreux bienfaiteur et qu’ils ont besoin de fournitures scolaires de base pour permettre aux enfants du camps de vivre une rentrée des classes “normale”.
Me voici donc en route, accompagnée d’un ami, pour acheter les éléments de la liste que l’on m’a transmise. C’est là que vient la leçon de vie…
Non loin de notre destination, nous trouvons une petite papeterie déjà bien animée et nous commençons nos courses et nos négociations avec la propriétaire.
Nous lui dévalisons littéralement ses étals, puis, arrivés à la fin de notre marchandage, pour la taquiner un peu, je lui demande si elle peut faire un geste de plus… pour les enfants…
Et là, elle lève sa tête et me lance : “Mais évidemment ma fille. Tu sais, ce sont aussi nos enfants !“.
Puis elle ajoute à notre panier, cahiers, crayons, règles, gommes… Sa sollicitude, sa vivacité, sa chaleur, m’ont fait monter les larmes aux yeux.
Arrivés au campement, nous sommes accueillis par l’équipe pédagogique suivie des enfants. Nous sommes étonnés et ravis d’y voir autant (voir plus) de filles que de garçons, ce qui fait d’ailleurs la fierté (ou en tout cas le soulagement) de l’institutrice, une femme brillante, engagée, dévouée, qui a fait le choix de se mettre au service des enfants déplacés.
Il se trouve que le terrain sur lequel ils sont installés, a été généreusement et gracieusement mis à disposition, pour une durée indéterminée, par un notable de la région. Il est donc question d’une chaine, de bout en bout, d’hommes à hommes.
En rentrant à Paris, j’ai décidé d’intégrer pour nouvelle mission à cette humble association, le soutien à une éducation de qualité pour tous. Le manifeste des générations est d’ailleurs le fruit de cette expérience.
Finalement, l’héritage que nous a laissée cette chère amie disparue est un rappel que l’amour du prochain est la clé d’une société plus juste, plus généreuse et plus responsable.
Que ton âme repose en paix très chère Fatou, et que ta lumière brille à jamais 🕊️